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Curiethérapie : quels impacts sur le corps et la sexualité ? Mieux comprendre pour mieux vivre son parcours

Dans le cadre de certains cancers gynécologiques (notamment le cancer du col de l’utérus, de l’endomètre ou du vagin), mais aussi dans le cadre des cancers de la prostate chez l'homme, la curiethérapie fait souvent partie du protocole de traitement. Elle peut soulever des inquiétudes importantes, souvent tues : « Vais-je encore ressentir du plaisir ? Aurai-je des douleurs ? Mon corps va-t-il changer ? »

En tant que sexothérapeute spécialisée en onco-sexologie, je vous propose dans cet article de vous aider à mieux comprendre les effets possibles de la curiethérapie, pour vous y préparer avec plus de clarté, de sécurité… et surtout de bienveillance envers vous-même.


un arrière plan divisé en deux, de couleur blanc a gauche et vert a droite. Au milieu un medecin tenant une image écrit "cancer treatment". En bas la phrase "curiethérapie : quels impacts sur le corps et la sexualité ?"
Curiethérapie : quels impacts sur le corps et la sexualité ?

Qu’est-ce que la curiethérapie ?

La curiethérapie est une forme de radiothérapie interne. Elle consiste à introduire une source radioactive directement dans ou à proximité de la zone tumorale, par voie vaginale, ou rectale parfois sous anesthésie.

On distingue généralement :

  • la curiethérapie à haut débit (quelques minutes de traitement, plusieurs séances),

  • la curiethérapie à bas débit (traitement continu, parfois sur plusieurs jours, nécessitant une hospitalisation).


C’est un traitement très ciblé, qui permet de préserver les tissus environnants… mais il peut néanmoins entraîner des effets secondaires sur les tissus vaginaux, les tissus anaux, la muqueuse, la libido et la vie intime.


Chez la femme : Les effets physiques possibles sur le vagin et le périnée

Après une curiethérapie, certaines personnes ressentent :

  • sécheresse vaginale intense (due à la destruction des glandes servant à la lubrification),

  • inflammation, brûlures ou douleurs lors des rapports (dyspareunie),

  • perte d’élasticité vaginale (sténose, rétrécissement du canal vaginal),

  • adhérences ou rétraction des tissus avec parfois un raccourcissement du vagin,

  • baisse de la sensibilité ou du plaisir.


À plus long terme, en l’absence d’entretien ou de rééducation, le vagin peut se rétracter et devenir plus difficile à explorer ou à mobiliser lors de rapports.


Chez l'homme : qu’en est-il après une curiethérapie pour cancer de la prostate ?

La curiethérapie est également utilisée chez les hommes pour traiter certains cancers de la prostate. Elle peut entraîner :

  • une diminution de la fonction érectile,

  • une sécheresse de l’éjaculat voire une anéjaculation,

  • une modification des sensations orgasmiques,

  • une altération de l’image corporelle et de la virilité perçue.

  • des inflammations locales du rectum ou du canal anal,

  • une rectite radique (inflammation du rectum due aux rayons),

  • une irritation de la muqueuse anale, menant à une sensation de brûlure, de picotement, voire de douleurs lors de la défécation.


Ce qu’il est possible de mettre en place pour préserver sa santé sexuelle en tant qu'homme

Des solutions existent :

1. Les traitements médicaux adaptés

Les équipes médicales proposent différentes solutions  en cas de trouble de la sexualité après la curiethérapie :

  • injections intracaverneuse,

  • vacuum (pompe à pénis médicale)

  • traitements oraux.

  • Crèmes apaisantes ou cicatrisantes (type hydratantes ou à base d'acide hyaluronique rectal, sur prescription),

  • Soins locaux doux : hygiène à l’eau tiède, éviter le papier irritant,

  • Alimentation adaptée : pour éviter la constipation ou les diarrhées, qui aggravent les symptômes.

2. La rééducation périnéale spécialisée

Un travail avec un kinésithérapeute spécialisée en rééducation pelvi-périnéale peut :

  • restaurer ou améliorer l'érection,

  • permettre la récupération de la fonction urinaire,

  • diminuer les douleurs,

  • renforcer le plaisir et la conscience corporelle.


Ce que traverse un homme dans ce contexte mérite autant de soin, d’attention et de compréhension que ce que vivent les femmes.


Ce qu’il est possible de mettre en place pour préserver sa santé sexuelle en tant que femme

Heureusement, des solutions existent pour anticiper, limiter ou apaiser ces effets :

1. L’utilisation régulière de dilatateurs vaginaux

Les équipes médicales recommandent souvent l’usage de dilatateurs vaginaux après la curiethérapie. Leur but :

  • préserver la souplesse du vagin,

  • éviter la sténose (rétrécissement),

  • favoriser une reprise plus confortable des rapports sexuels.

Utilisés avec un gel hydratant ou lubrifiant, ces exercices peuvent aussi être l’occasion de se reconnecter à son corps en douceur.


Si l'idée des dilatateurs vous fait peur, il y a aussi la possibilité de trouver des sextoy's en silicones, de toutes les tailles avec des niveaux de souplesse adaptés qui sont beaucoup plus fun et agréable pour une rééducation moins médicalisée.q


2. L'hydratation vaginale régulière

Les muqueuses vaginales ayant perdu leur capacité naturelle d'hydratation, il est essentiel d’utiliser :

  • des ovules hydratants (à base d’acide hyaluronique ou d’huiles végétales),

  • des crèmes hydratantes (à base d’acide hyaluronique ou d’huiles végétales),

  • des gels lubrifiants (lors des rapports ou des auto-explorations).

  • l'huile d'onagre (Riche en acides gras essentiels (AGE) et en acide gamma linolénique (GLA) qui est converti en prostaglandines dans le corps, elle soutient la production locale d'hormones qui favorise la reconstitution du film hydrolipidique grâce à la production de mucus, améliorant ainsi la souplesse et l’hydratation des tissus vulvaires et vaginaux.)

Cela permet de réduire les frottements, les douleurs et de retrouver plus de confort au quotidien.


Il est toujours recommandé ne pas faire d'auto médication même avec des produits naturels n'oubliez pas de demander à votre oncologue ou médecin s'il n'y a pas de contre indication.


3. La rééducation périnéale spécialisée

Un travail avec une sage-femme ou kinésithérapeute spécialisée en rééducation pelvi-périnéale peut :

  • restaurer la tonicité,

  • diminuer les douleurs,

  • renforcer le plaisir et la conscience corporelle.


Les impacts émotionnels et psychosexuels

La curiethérapie peut aussi impacter :

  • l’image corporelle (peur d’être abîmée, de ne plus désirable...),

  • la libido (chute hormonale, fatigue, anxiété...),

  • la communication de couple (peur d’en parler, repli sur soi, incompréhension...),

  • la confiance en soi et celle du ou de la partenaire sexuel·le.


C’est pourquoi il est essentiel de ne pas rester seul·e face à ces ressentis. Se faire accompagner en sexothérapie permet de :

  • poser des mots sur ses émotions,

  • exprimer ses peurs et ses besoins,

  • retrouver un chemin vers une sexualité consciente, choisie, vivante.


Réinventer l’intimité : il n’y a pas de “norme”, seulement des possibilités

La pénétration n’est pas obligatoire pour vivre une sexualité épanouie. Après une curiethérapie, certaines personnes choisissent :

  • la tendresse, les câlins, les massages,

  • la sensualité non génitale,

  • des pratiques alternatives sans douleur,

  • un temps de pause pour se redécouvrir autrement.


L’important est de maintenir un lien affectif et corporel avec soi-même et/ou avec son/sa partenaire, sans pression, sans performance, et avec toute la bienveillance que mérite ce corps courageux.


En conclusion : vous avez le droit à une vie intime, même après la maladie

Votre corps a traversé une épreuve. Il peut rester sensible, vulnérable… mais il est aussi source de sensations, de plaisir, de lien.

Il est possible de reconstruire une sexualité différente mais riche, adaptée mais surtout vivante, et à votre rythme.

Vous méritez d’être touché·e, aimé·e, désiré·e… même avec vos cicatrices, vos appréhensions, vos transformations.

Et si vous avez besoin d’aide pour avancer dans ce chemin, n'oubliez pas que vous n’êtes pas seul·e.

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