Le burn-out sexuel existe-t-il ?
- Christelle BEUQUE-GAY
- 29 mai
- 3 min de lecture
Fatigue chronique, absence de désir, pression à “fonctionner”, impression de dégoût ou d’obligation…
Certaines personnes se reconnaîtront dans ces signaux : le corps dit stop, le mental est saturé, et la sexualité devient une source d'épuisement.
Mais est-ce vraiment un burn-out sexuel ? Et si oui, à quoi cela ressemble-t-il ?

Qu’est-ce que le burn-out sexuel ?
On parle de burn-out sexuel lorsqu’une personne ressent une épuisement émotionnel, mental et physique en lien avec sa sexualité. Ce n’est pas un diagnostic médical officiel, mais une réalité clinique observée en sexothérapie, notamment chez :
les femmes ayant traversé une maladie (comme le cancer),
les personnes vivant une surcharge mentale ou émotionnelle,
ou encore les couples dont la sexualité est devenue source de tension, de performance, voire de douleur.
Sexualité, charge mentale… et charge sexuelle ?
On parle beaucoup de charge mentale, mais peu de la charge sexuelle.
👉 C’est cette pression invisible qui pèse sur les épaules :devoir être disponible, performante, réactive, séduisante, connectée à ses sensations, malgré tout.
Chez certaines femmes, notamment après un accouchement, des conflits dans le couple, un choc émotionnel, un cancer ou autre maladie, la sexualité peut devenir une zone de stress, plutôt qu’un espace de plaisir. Pourquoi ?
le corps a changé (cicatrices, fatigue, sécheresse, douleurs)
le sommeil est mis a rude épreuve
les enfants demandent une attention constante
le désir est absent ou timide
la culpabilité s’installe (“Je devrais avoir envie…”)
l’autre se sent rejeté, ce qui crée une tension dans le couple
les rendez-vous médicaux, les traitements, la charge du quotidien continuent de peser
etc...
Les signes d’un épuisement sexuel possible
Voici quelques signaux qui peuvent alerter :
Détachement émotionnel durant les rapports
Impression de “faire l’amour par devoir”
Perte de plaisir ou douleur systématique
Colère ou tristesse à l’idée d’avoir une relation sexuelle
Anxiété à l’approche d’un moment d’intimité
Fatigue mentale après un contact sexuel
Évitement prolongé de toute forme de sensualité
Ces signes ne signifient pas que “quelque chose ne va pas chez vous”, mais qu’il est peut-être temps d’écouter vos limites.
Se remettre d’un burn-out sexuel : est-ce possible ?
Oui. Et cela commence par une autorisation fondamentale : celle de ralentir.
🔹 Faire une pause dans les rapports sexuels, sans culpabiliser
🔹 Revenir à une intimité plus lente, plus douce, non génitale
🔹 Réapprendre à habiter son corps autrement : par le toucher, la respiration, la sensualité
🔹 Nommer ce que vous ressentez à votre partenaire, si vous êtes en couple
🔹 Se faire accompagner, surtout si le vécu du cancer, d'une maladie ou d’un traumatisme intime est présent
En sexothérapie, je rencontre souvent des femmes et des couples dans cette situation. Et l’une des premières étapes est de reconnaître que ce “non-désir” n’est pas un échec, mais un signal précieux.
Et pour les partenaires ?
Le burn-out sexuel ne touche pas que les femmes. Le/la partenaire peut lui aussi :
se sentir perdu·e
ne pas savoir s’il/elle peut encore proposer, désirer, toucher
avoir peur d’insister, ou de ne plus jamais retrouver cette connexion
👉 D’où l’importance d’une communication ouverte, douce et non accusatoire. Parfois, les couples doivent redéfinir leur intimité, au-delà du modèle “sexualité = pénétration + orgasme”.
Ce n’est pas la fin de votre vie intime… c’est peut-être un nouveau départ.
Le burn-out sexuel, s’il est reconnu et accompagné, peut devenir une opportunité de transformation. Celle de remettre du sens dans la sexualité. De ralentir. D’écouter. D’explorer autrement.
Et surtout, de remettre la connexion au centre : connexion à soi, à l’autre, au présent.
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